« Nous ne choisissons pas les épreuves de la vie, seulement la manière d’y réagir »

Au début du mois d’avril de cette année, je planchais sur la planification de mon séjour en Suisse et mon enthousiasme était à son maximum.  Pour moi la Suisse, c’est Noël en juillet ! En plus d’y pratiquer le coaching, je retrouve ma famille-souche et je partage des moments précieux avec mes amis de longue date.

Une autre chose importante pour moi en Suisse, ce sont de longues marches méditatives dans les Alpes où je me vide la tête de toute préoccupation et où je reconnecte avec qui Je Suis. À la fin de chacun de mes séjours, mes batteries sont rechargées à bloc et je reviens avec bonheur au Québec, ma terre d’accueil.

Mais le mois d’avril 2019 a amené une nouvelle des plus surprenantes : lors d’un examen de routine, on découvrait chez Pierre, mon conjoint adoré, un lymphome à un stade de niveau 4. Cela signifiait qu’il fallait réagir au plus vite et entamer des traitements importants.

Nous avons tout annulé : de son côté, le congrès qu’il devait animer à titre de premier conférencier et pour lequel il se préparait depuis un an. De mon côté toute la logistique qu’un séjour de six semaines de vie personnelle et professionnelle en Suisse avait demandé.

Je suis passée par toutes sortes d’émotions : la colère, le déni, la tristesse. Admettre la maladie a été pour moi extrêmement difficile car Pierre était au meilleur de sa forme lorsqu’on lui a annoncé ce diagnostic. Lorsque je l’ai conduit à l’hôpital pour recevoir son premier traitement de chimiothérapie, il me semblait que je me trompais de chemin et que j’aurais dû le conduire au départ d’une course de marathonien.

Mais, progressivement, j’ai perçu cette expérience comme une invitation à ralentir, à repenser mes choix, à préciser mes vrais besoins. J’ai fait des apprentissages importants au point que je me suis mise à considérer ce frein comme un bienfait. Je vous disais que lorsque je vais en Suisse, je marche dans les montagnes. Les Alpes, ce sont des sommets qui culminent à 4000 mètres. Ça prend du temps, de l’effort, de la détermination pour arriver à la cabane, là-bas, tout en haut.

Ce printemps, été, automne 2019, au lieu de faire de la montagne, j’ai fait de la spéléologie : je suis descendue dans les profondeurs de mon être. En faisant des lectures avisées, j’ai touché à des sujets que je n’avais pas imaginé importants. De ces lectures, j’ai compris toute l’ignorance qui m’habitait au temps de ma jeunesse, des regards sévères que je portais sur mes éducateurs de l’époque, de mes jugements erronés à leur égard. Mon mea culpa face à eux et une compassion envers moi-même m’ont fait le cadeau d’une immense libération. C’est drôle de se libérer d’un poids qu’on ne sait même pas transporter ! C’est une sensation divine.

De son côté, mon conjoint Pierre a changé un de ses importants modes habituels : lui, le visionnaire, l’homme qui est bien dans l’action, s’est mis en mode « moment présent ». Il a créé un groupe facebook « À ma santé » et tout son entourage le suivait dans son expérience avec le lymphome et il recevait tous les encouragements nécessaires. Sa famille au loin était proche de lui. Il a mis sa discipline naturelleau service de sa santé. En dehors des traitements, sa routine consistait à boire un verre d’eau de qualité à chaque heure du jour, d’aller marcher une heure, de faire des siestes quotidiennes, de s’intéresser à des projets professionnels à sa mesure.

Aussi surprenant que fut l’annonce de son diagnostic, aussi surprenant fut la rapidité avec laquelle il a retrouvé son énergie à la fin des traitements. En cette fin d’année 2019, Pierre a repris sa vie normale et vogue tranquillement vers de nouveaux horizons.

Lors d’un regroupement familial autour de ma fête, mes enfants m’ont demandé ce que je me souhaitais pour la prochaine année. Ils ont éclaté de rire lorsque je leur ai dit : l’amour et la santé. Puis, comme j’étais sérieuse, ils le sont devenus eux aussi et ont applaudi.